Covid-19. Entretien avec Renaud Piarroux, spécialiste des maladies infectieuses
Covid-19. Entretien avec Renaud Piarroux, spécialiste des maladies infectieuses
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Covid-19. Entretien avec Renaud Piarroux, spécialiste des épidémies

Professeur à la faculté de Médecine et chef du service de parasitologie-mycologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

. Covid-19. Entretien avec Renaud Piarroux, spécialiste des épidémies

Également chercheur à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (IPLESP), Renaud Piarroux nous aide à décrypter le Covid-19 et la crise sanitaire sans précédent que nous vivons actuellement.

Après le SARS-CoV, le MERS-CoV, zika, la dengue ou encore le choléra que vous connaissez particulièrement bien, les épidémies à notre époque sont nombreuses. Comment apparaît une épidémie ?

L’explication diffère selon le type de pathogène. Les maladies à transmission vectorielles telles que le zika, le chikungunya ou la dengue sont liées à la prolifération du moustique-tigre et notamment, sa capacité à envahir la planète en pondant des œufs dans des pneus qu’on transporte par bateau.

Renaud Parrioux

En Haïti, l’épidémie de choléra a été causée par une densité de population très importante associée un mauvais accès l’eau potable. L’eau souillée est le principal vecteur de la maladie.

Dans le cas des virus respiratoires, il y a eu relativement peu d’émergences et les causes demeurent encore assez floues. En 2012 au Moyen-Orient, le MERS-CoV a émergé mais n’a pas beaucoup diffusé, s’agissant d’un virus propre aux camélidés il s’est mal adapté à l’homme. En revanche, le SARS-CoV, apparu en Chine en 2003 et probablement transmis par la civette, a quant à lui bien franchi la barrière d’espèces. Les virus provenant d’animaux sauvages ont du mal à s’adapter à l’homme, mais certains coronavirus l’ont fait. Cependant, à la différence du Covid-19, le SARS a été stoppé à temps.

Dans le cas du Covid-19, comment est-on passé d’un stade épidémique à un stade pandémique si rapidement ?

La densité de population sur terre et nos modes de vie actuels, intégrant la culture du voyage sont deux facteurs clés dans la propagation du virus. Ces dernières années, les déplacements quotidiens dans les transports en commun ainsi que les nombreux voyages en avion, en train ou en bateau, désormais démocratisés, se sont multipliés. Ces pratiques et le partage d’un air confiné qu’elles impliquent ont ouvert un boulevard au virus, lui permettant de diffuser massivement une fois adapté à l’homme.

Lorsqu’on compte le nombre de cas par habitants, les pays les plus touchés au monde sont, dans l’ordre, le Vatican, Saint-Marin, Andorre, l’Islande, le Luxembourg, les îles Féroé et Gibraltar. Arrivent ensuite seulement les pays d’Europe comme l’Espagne, la Suisse et le Liechtenstein. Le fait que de nombreuses enclaves liées à la finance soient parmi les zones comptant le plus de cas de Covid-19 au monde, suggère que la diffusion de ce virus est très liée aux grands voyageurs.  C’est d’ailleurs pour cela que des pays tels que les États-Unis, la France, l’Italie ou l’Espagne sont beaucoup plus touchés que le continent africain par exemple. Cela nous amène clairement à repenser le mode de vie que nous avions jusqu’alors et qui se trouve incompatible avec les risques d’émergence d’un virus accompagnant les voyageurs.

Le virus H1N1, un virus grippal qui s’était propagé en 2009 était loin d’être aussi dangereux que le Covid-19. Ce dernier, extrêmement redoutable, tue 2 à 3% des malades. Les formes les plus graves, celles qui sont hospitalisées, se soldent par un décès dans plus de 30 % des cas. A l’échelle de la France, le Covid-19 pourrait potentiellement tuer 700 000 personnes si on le laissait se propager à sa guise.

Vous faites partie de l’équipe « Maladies transmissibles : surveillance et modélisation » de l’institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique (IPLESP - Sorbonne Université /Inserm) qui a récemment modélisé l’impact de la fermeture des établissements scolaires et du recours au télétravail sur la chute du pic épidémique. Trois semaines plus tard, où en est-on ?

Depuis le 14 mars (date de parution de l’étude), les modèles ont montré que la fermeture des établissements scolaires avait un impact limité sur la transmission du virus. Heureusement, les conditions de confinement ont finalement été nettement durcies. L’IPLESP continue de produire quotidiennement des données destinées à la direction de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Après quinze jours extrêmement pénibles de montée de l’épidémie, le confinement paraît avoir eu un impact sur l’épidémie qui, pour l’heure, a cessé de monter. Toutefois, cela ne suffit pas à se débarrasser du virus ou même à permettre de redescendre à un niveau qui ne mettrait pas les hôpitaux en surcharge. Actuellement, l’essentiel des activités hospitalières tourne autour du Covid-19 et cela a d’importantes répercussions sur le système de santé en général. Même les patients présentant d’autres maladies sont eux aussi fortement impactés. Nous devons encore ajouter d’autres moyens de lutte afin de faire baisser la transmission.

Selon votre expérience d’épidémiologiste et notamment de terrain en Haïti, quelles mesures efficaces permettraient d’endiguer l’épidémie ?

Continuer le confinement est la principale arme dont nous disposons à ce stade pour « limiter la casse ». Il faudrait cependant y ajouter des interventions plus ciblées. Précisément là où il y a de la transmission. Cela passerait, notamment, par la création d’un système de surveillance beaucoup plus rapprochée de l’épidémie et par une intervention immédiate dès que l’on constate des cas dans une zone géographique donnée. Concrètement, cela reviendrait à renforcer le confinement s’il s’avère mal respecté dans certains endroits, faire de la recherche active de cas en vérifiant, à l’aide de prélèvements, qu’un malade n’en compte pas d’autres dans son entourage et, si c’est le cas, isoler les porteurs du virus. Enfin, l’idéal serait d’avoir un traitement qui permettrait de traiter précocement les cas de Covid-19 voire même qui pourrait être donné préventivement autour des cas mais il est encore beaucoup trop tôt pour envisager des pistes thérapeutiques sérieuses et qui ne soient pas dangereuses. Finalement, réduire la transmission du virus au sein de la population est le combat de toute la société. Tant que nous n’aurons pas un système de surveillance performant permettant de guider des interventions ciblées efficaces, arrêter le confinement signifierait laisser l’épidémie reprendre son cours.

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L'interview de Renaud Parrioux dans Le Monde - 09.04.2020

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